Twenty-seventh of January

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Les règles (ou la menstruation) sont sûrement le phénomène le plus connu du cycle menstruel féminin, car elles en sont la seule manifestation visible. Mais le cycle menstruel comprend bien d’autres phénomènes qui sont pour la plupart d’entre eux imperceptibles, et qui ne se produisent pas seulement au niveau de l’utérus. Si vous souhaitez en savoir davantage, cet article présente un aperçu de ce qu’il se passe dans le corps au cours du cycle menstruel féminin.

Qu’est-ce que le cycle menstruel ?

Le cycle menstruel fait référence au cycle reproductif féminin et englobe une série de changements physiologiques préparant le corps de la femme à une éventuelle grossesse. Dans la vie d’une femme, il commence à la puberté et se termine à la ménopause. Son nom laisse penser qu’il s’organise autour de la menstruation (ou plus communément, les règles), dont le premier jour commence un nouveau cycle ; mais les règles sont loin d’être l’évènement central du cycle : en effet, on verra que celui-ci comporte plusieurs phases qui ont chacune leur importance. 

La durée moyenne d’un cycle est de 28 jours : il dure généralement entre 25 et 30 jours, même s’il est possible qu’il soit plus court ou plus long – la durée varie d’une femme à l’autre, mais aussi de cycle en cycle chez une même femme.

Le mot « menstruel » vient du latin mensis, qui signifie « mois » : en effet, la durée d’un cycle menstruel correspond à peu près à la durée d’un mois lunaire (c’est-à-dire 29.5 jours). Il a été proposé que cette similarité serait loin d’être une coïncidence, et que le cycle féminin aurait évolué pour s’ajuster sur celui de la lune. En revanche, les recherches scientifiques se contredisent quant à une éventuelle connexion entre cycle menstruel et lunaire.

Les différents changements observés sont cycliques : ils reviennent donc périodiquement (environ tous les mois, donc), mais pas forcément régulièrement ; le terme d’un cycle marque le retour d’un autre. Au cours du cycle, les changements hormonaux entraînent des changements physiologiques, mais également des changements au niveau psychologique et comportemental, en influençant par exemple notre façon de penser ou d’agir.

Cet article présente dans un premier temps les différents organes impliqués dans le fonctionnement du cycle, ainsi que le rôle des hormones que ces organes produisent. Il décrit ensuite les différentes phases du cycle menstruel, ou comment se succèdent les différents phénomènes du cycle. La dernière partie se penche sur l’importance, en tant que femme, de connaître son cycle menstruel.

L’axe gonadotrope et le rôle des hormones

Les différentes phases du cycle se succèdent périodiquement – mais cette succession n’est pas programmée. Alors, comment s’explique que les différentes phases s’enchaînent invariablement dans un ordre précis ? Le cycle menstruel est en fait régulé par des hormones, des substances chimiques qui agissent comme des messagers : elles sont sécrétées par différents organes (qui font partie du système endocrinien) puis sont diffusées dans le sang, pour ensuite agir sur l’activité d’autres organes. En transmettant un message chimique, une hormone stimule un organe pour exécuter une action. Leur rôle est donc de coordonner les activités de l’organisme.

Les hormones impliquées dans la reproduction sont sécrétées par différents organes :

  • L’hypothalamus, une partie du cerveau qui est située à sa base et dont les fonctions régulatrices sont essentielles à la survie et la reproduction. Il régule notamment la température du corps, la faim et la soif, le rythme circadien, les comportements sexuels ou encore le stress (en tant que mécanisme de réponse) ;
  • L’hypophyse (appelé aussi glande pituitaire), une glande endocrine (c’est-à-dire qui sécrète des hormones dans le sang). Elle est située sous l’hypothalamus, auquel elle est reliée par la tige hypophysaire (ou tige pituitaire) : on parle alors de complexe hypothalamo-hypophysaire ;
  • Les ovaires, au nombre de deux, situés de chaque côté de l’utérus à l’extrémité des trompes de Fallope. Ce sont les gonades femelles (alors que les testicules, leurs homologues, sont les gonades masculines).

Ces organes forment l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien – ou plus brièvement, l’axe gonadotrope. Ils assument une fonction précise dans le déroulement du cycle, et communiquent par le biais des hormones qu’ils sécrètent. En bref (mais on reviendra plus en détail sur ces interactions) : (1) l’hypothalamus sécrète la GnRH (soit l’hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires, de l’anglais Gonadotropin Releasing Hormone), qui est libérée dans la circulation sanguine et stimule (2) l’hypophyse pour produire les hormones gonadotropes (on parle aussi des gonadotropines ou gonadotrophines) : la LH (de l’anglais luteinizing hormone, ou hormone lutéinisante), et en plus faible quantité, la FSH (follicle-stimulating hormone, ou hormone folliculo-stimulante). Ces deux hormones sont dites gonadotropes car elles sont en fait produites par les (cellules) gonadotropes de l’antéhypophyse (le lobe antérieur de l’hypophyse). La GnRH, produite par l’hypothalamus, contrôle donc l’activité de sécrétion des cellules gonadotropes de l’antéhypophyse (et contrôle la sécrétion de LH et FSH). Enfin, les gonadotrophines (la LH et la FSH) stimulent à leur tour (3) les ovaires, qui eux sécrètent les principales hormones sexuelles : l’œstrogène[1] et la progestérone (ce sont des hormones stéroïdiennes, dérivées du cholestérol). Les gonadotrophines régulent donc l’activité ovarienne.

Pour résumer de manière plus succincte encore : (1) sécrétée par l’hypothalamus, la GnRH stimule (2) l’hypophyse pour sécréter les gonadotrophines (FSH et LH), qui à leur tour stimulent (3) les ovaires pour sécréter les hormones sexuelles : l’œstrogène (qui, on le verra, régule elle-même la sécrétion de la GnRH… bouclant ainsi la boucle) et la progestérone.

Soit (ou ↓ = stimule / influence l’activité ; et → = sécrète(nt)) :

Ces hormones sont diffusées dans le sang de manière continue : l’hypophyse et les ovaires sont donc constamment stimulés pour produire des hormones. En revanche, elles sont produites en plus ou moins large quantité selon la phase du cycle, et des taux plus ou moins bas ou élevés, on le verra plus tard, n’envoient pas les mêmes signaux aux organes qui les reçoivent. Par exemple, le taux de FSH n’est pas constant au cours du cycle, et sa concentration dans le sang ne transmets pas le même message aux ovaires lorsqu’elle est haute et lorsqu’elle est plus faible (souvenez-vous que les hormones agissent comme des messagers).

En influençant l’activité de différents organes, les hormones présentées plus haut (GnRH, LH, FSH, œstrogène et progestérone) régulent ainsi le cycle menstruel, et jouent un rôle crucial dans la succession des différents phénomènes impliqués au cours du cycle. Le rôle particulier de chacune de ces hormones ainsi que leur interaction sont détaillés dans la partie qui suit, dans les différentes phases du cycle menstruel.

Pour résumer brièvement : les gonadotrophines (LH et FSH) permettent la maturation des follicules et des ovocytes, puis l’ovulation ; tandis que les hormones sexuelles (œstrogène et progestérone) entraînent des modifications de l’utérus (et plus particulièrement de l’endomètre). Nous verrons également comment les hormones sexuelles agissent sur le complexe hypothalamo-hypophysaire pour réguler le cycle, par un processus de rétrocontrôle.

Les différentes phases du cycle menstruel

Un cycle menstruel se divise en deux phases[2]. La première phase du cycle est la phase folliculaire. Elle commence au premier jour des règles (soit au premier jour du cycle) et dure jusqu’à l’ovulation, qui arrive en milieu de cycle ou environ 14 jours avant le début du prochain cycle. La deuxième phase du cycle est la phase lutéale, qui suit l’ovulation et s’étend jusqu’à l’apparition des prochaines règles, qui commencent alors un nouveau cycle. Chacune des deux phases a un objectif précis en termes de reproduction : la phase folliculaire correspond à une phase de conception, tandis que la phase lutéale correspond à une phase d’implantation.

Cette partie donne un aperçu des changements hormonaux qui interviennent au cours de ces deux phases, et ce qu’ils impliquent concernant l’activité des organes impliqués dans le cycle menstruel, notamment les ovaires et l’utérus. Avant d’explorer ces changements, une brève description de ces organes s’impose :

  • Les ovaires : Comme nous l’avons vu, ce sont les gonades femelles. Contenus dans les ovaires, les follicules sont des petits sacs qui contiennent chacun un ovocyte. Ils ne sont pas produits à chaque cycle mais sont formés in utero : une femme naît donc avec une réserve limitée de follicules, et donc d’ovocytes (de 1 à 2 millions, dont environ 25% auront survécu lorsqu’une femme atteint la puberté). Les follicules se développent progressivement lors d’un processus appelé folliculogénèse, un processus très sélectif qui contient différents stades de développement aboutissant à la maturation d’un follicule. Dès qu’une femme est un fœtus, un groupe de follicules est sélectionné quotidiennement et commence à se développer, et ce jusqu’à la ménopause. Cependant, avant la puberté, ces follicules ne peuvent franchir un certain seuil de développement : c’est au cours des phases folliculaires, sous l’influence des hormones gonadotropes (et en particulier, la FSH), que les follicules poursuivent leur développement, de manière cyclique. De manière générale, un seul follicule atteint à chaque cycle la phase ultime de développement : le follicule de De Graaf, celui duquel sera expulsé l’ovocyte lors de l’ovulation. À chaque phase de développement, la vaste majorité des follicules est donc vouée à mourir : on parle d’atrésie folliculaire. Ainsi, la réserve de follicules d’une femme diminue de jour en jour. Les ovocytes sont produits par les ovaires et sont contenus dans les follicules : on trouve un ovocyte par follicule. Ce sont les cellules reproductrices chez la femme, ou gamètes femelles (leurs homologues mâles sont les spermatozoïdes). Lors de l’ovulation, l’ovocyte est expulsé du follicule mûr. Certains évoluent en ovules, qui sont des ovocytes mûrs. La fécondation est la fusion entre le gamète mâle (spermatozoïde) et le gamète femelle (à ce stade, ovule).
  • L’utérus : situé au-dessus du vagin, il contient la cavité utérine, destinée à accueillir l’embryon lors d’une grossesse. Il est relié aux ovaires, situés de part et d’autre de l’utérus, par les tubes utérins (trompes de Fallope). L’endomètre est la muqueuse qui tapisse la cavité utérine : c’est la paroi de l’utérus. L’endomètre est constitué de deux couches : la couche fonctionnelle (stratum functionalis), qui est la couche superficielle, et la couche basale, située sous la couche fonctionnelle, adjacente au myomètre (muscle utérin). La morphologie de la couche fonctionnelle évolue sous l’effet des changements hormonaux au cours du cycle : on parle de cycle utérin.

Pour décrire les modifications des activités de ces organes provoquées par les hormones, on distinguera par la suite le cycle ovarien du cycle utérin.

La phase folliculaire, qui précède l’ovulation,est appelée ainsi car c’est pendant cette phase que les follicules se développent. Elle s’étend du premier jour des règles jusqu’à l’ovulation.

Au premier jour du cycle, certains follicules (que l’on appelle follicules tertiaires) sont déjà à un stade de développement avancé. Parmi eux, un petit groupe va poursuivre son développement, sous l’effet de la FSH (d’où son nom follicle-stimulating hormone) et de la LH (la concentration dans le sang de ces hormones augmente autour des premiers jours de la phase folliculaire, stimulant ainsi le développement folliculaire). Parmi ce petit groupe, un seul follicule (dans un seul ovaire) arrivera à maturation : ce follicule dominant, appelé follicule de De Graaf, est celui qui va expulser l’ovocyte lors de l’ovulation.

Mais avant cela : dans chacun des ovaires, les follicules les plus larges sécrètent de l’œstrogène, l’hormone dominante de la phase folliculaire. Plus les follicules grossissent, plus ils produisent d’œstrogène (surtout le follicule dominant) : quelques jours après le début du cycle (à la suite des règles), le taux d’œstrogène augmente donc de façon continue, jusqu’à atteindre un pic juste avant l’ovulation.

Ce pic d’œstrogène est suivi d’un pic de LH (sous 24 à 48 heures), dont la concentration culmine encore bien plus haut que celle d’œstrogène, puis chute rapidement. Ce pic de LH, qui dure environ 36h, agit sur les cellules folliculaires et provoque l’ovulation de l’ovocyte contenu dans le follicule le plus large, environ 9 à 12 heures après que la LH ait atteint sa concentration la plus élevée. Le pic de LH est également accompagné d’un pic de FSH (cependant bien plus bas en comparaison), qui atteint alors aussi son taux le plus élevé.

Juste avant l’ovulation (à la fin de la phase folliculaire), le follicule mûr freine sa production d’œstrogène et, sous l’influence du pic de LH, commence à produire de la progestérone : on observe donc une baisse d’œstrogène suivie d’une hausse de progestérone, dont la concentration était jusqu’ici assez basse. Cette baisse d’œstrogène peut provoquer un léger saignement utérin lors de l’ovulation.

Nous nous intéressons ici aux activités des ovaires pendant la phase folliculaire, qui se font sous l’influence des gonadotrophines (FSH et LH). Il est donc intéressant de se demander ce qui explique les variations de ces deux hormones durant cette phase. Avant d’y répondre, récapitulons : nous avons vu que l’hypothalamus (dans le cerveau) sécrète la GnRH, une hormone qui régule la production des gonadotrophines (par l’hypophyse). Ces dernières stimulent les ovaires dans le but de développer les follicules, qui produisent de l’œstrogène. L’hypothalamus et l’hypophyse (qu’on appelle le complexe hypothalamo-hypophysaire) coordonnent donc l’activité des ovaires.

De façon réciproque, l’œstrogène régule la production de GnRH, agissant ainsi indirectement sur la production des gonadotrophines : il y a donc un effet de rétrocontrôle (c’est-à-dire une autorégulation), puisque les ovaires agissent également sur le complexe hypothalamo-hypophysaire. En effet, en fonction de sa concentration dans le sang, l’œstrogène va exercer soit un rétrocontrôle positif soit un rétrocontrôle négatif sur la production de GnRH (en la stimulant ou en la freinant, respectivement) et des gonadotrophines :

  • En tout début de cycle, la concentration d’œstrogène est assez faible : l’hypothalamus comprend donc qu’un nouveau cycle commence, et sécrète la GnRH, qui va à son tour stimuler l’hypophyse pour sécréter la FSH. En d’autres termes, rien ne signale à l’hypothalamus de freiner sa production de GnRH : c’est donc l’absence d’un rétrocontrôle négatif qui explique la hausse de GnRH et de FSH ;
  • En milieu de phase folliculaire, l’œstrogène atteint une concentration modérément haute et exerce un rétrocontrôle négatif sur la sécrétion de GnRH (c’est-à-dire qu’elle entraîne une baisse de la production de GnRH) : par conséquent, la production de FSH est à son tour freinée, et sa concentration dans le sang commence à diminuer.
  • Dans les derniers jours de la phase folliculaire, la concentration d’œstrogène est très haute (car sécrétée par plusieurs follicules dans chaque ovaire, et surtout par le follicule dominant) et dans ce cas de figure, elle exerce cette fois-ci un rétrocontrôle positif : la sécrétion de GnRH est stimulée, provoquant le pic de LH (et dans une moindre mesure, de FSH) en stimulant l’hypophyse.

En résumé, une concentration modérée d’œstrogène contraint l’hypothalamus à réduire sa production de GnRH par un processus de rétrocontrôle négatif, alors qu’une haute concentration (juste avant l’ovulation) en stimule la production, par un processus de rétrocontrôle positif. Dans le premier cas de figure, une baisse de GnRH mène à une baisse de FSH ; dans le second, une hausse de GnRH mène à une hausse de LH.

L’axe gonadotrope régule donc toutes les activités des organes impliqués par le biais d’un processus de rétrocontrôle. Ces organes réagissent différemment à des concentrations spécifiques d’hormones, qui leur permettent de savoir où le cycle en est, et leur rôle à ce moment précis.

Le premier jour des règles marque le début de la phase folliculaire. Lors de la menstruation, la couche fonctionnelle (c’est-à-dire la couche superficielle) de l’endomètre se désintègre (s’il n’y a pas eu de fécondation) et est évacuée par le vagin. Cet écoulement (les règles) se compose de sang, de mucus cervical et de sécrétions vaginales[3].

À la suite des règles, l’endomètre se reconstruit. La hausse constante d’œstrogène (sécrétée par les follicules les plus larges) entraîne l’épaississement de la couche fonctionnelle, qui se prépare alors à une éventuelle grossesse. C’est la phase proliférative de l’endomètre. Le rôle de l’œstrogène pendant la phase folliculaire est également de modifier la texture de la glaire cervicale (présente au niveau du col de l’utérus), pour en faire un environnement plus « hospitalier » pour d’éventuels « invités » : les spermatozoïdes. 

  • Hormone dominante : œstrogène ;
  • Cycle ovarien : hausse de FSH/LH → développement des follicules tertiaires, dont un seul arrivera à maturation : le follicule de De Graaf ; maturation d’un ovocyte, qui sera libéré du follicule mûr ;
  • Cycle utérin : hausse d’œstrogène (sécrété par les follicules) → épaississement de (la couche fonctionnelle de) l’endomètre (phase proliférative).

Comme nous l’avons vu, à chaque cycle, un groupe follicules (tertiaires) poursuit son développement. Seulement l’un d’eux arrivera à maturation. Lors de l’ovulation, ce follicule mûr (ou follicule de De Graaf) se rompt et l’ovocyte qu’il contient est libéré dans la trompe utérine. C’est un évènement important en termes de reproduction car une fois libéré, cet ovocyte pourra être fécondé.

Pour rappel, l’ovulation est déclenchée par une forte hausse du taux de LH (et dans une moindre mesure, de FSH).

La phase lutéale suit l’ovulation. L’ovocyte expulsé se déplace dans les tubes utérins vers la cavité utérine. Il peut être fécondé pendant 24 heures après l’ovulation, et le corps se prépare à cette possibilité. S’il n’est pas fécondé, il se désintègre et s’écoule avec les règles. S’il y a fécondation et que l’embryon s’implante dans l’endomètre (phénomène appelé nidation), le cycle menstruel est mis en pause.

La phase lutéale doit son nom au phénomène de lutéinisation, c’est-à-dire le processus au cours duquel les cellules du follicule dominant se transforment en cellules lutéiniques (qui sécrètent des lutéines, pigments jaunes), après l’ovulation.

Alors que la durée de la phase folliculaire est variable, la phase lutéale, elle, l’est moins et s’étend habituellement sur 14 jours. Cela signifie que l’ovulation a généralement lieu 14 jours avant le début des règles.

Après avoir expulsé l’ovocyte, le follicule rompu se transforme en corps jaune (aussi appelé corpus luteum) – sa couleur venant des cellules lutéiniques.

L’hormone dominante de cette phase est la progestérone. Sa concentration augmente progressivement quelques jours avant l’ovulation, et ce jusqu’au milieu de la phase lutéale : avant l’ovulation (en fin de phase folliculaire), nous avons vu que le follicule mûr commence à en produire ; après l’ovulation, le corps jaune continue à en sécréter (il sécrète également de l’œstrogène mais de manière plus modérée). Ces deux hormones sexuelles permettent de préparer l’utérus à accueillir l’embryon, en maintenant l’endomètre.

S’il y a nidation, le corps jaune se maintient et continue à sécréter de la progestérone pendant les premiers mois de la grossesse (jusqu’à ce que le placenta prenne la relève). En revanche, si l’ovocyte n’est pas fécondé, le corps jaune s’affaiblit (on dit qu’il « dégénère »), avant de mourir. La concentration des hormones sexuelles, qui jusqu’ici maintenaient l’endomètre, diminue, causant le détachement de ce dernier (les règles).

Souvenez-vous que lors de la phase folliculaire, l’œstrogène (qui est alors l’hormone dominante) régule la production de GnRH et indirectement, des gonadotrophines (FSH et LH), par un processus de rétrocontrôle (positif ou négatif, en fonction de sa concentration dans le sang). Lors de la phase lutéale, la progestérone (hormone dominante de cette phase) exerce, elle, un rétrocontrôle négatif sur le complexe hypothalamo-hypophysaire, en inhibant la production de FSH et de LH. Leur concentration dans le sang est donc relativement basse, et le développement folliculaire est donc restreint durant cette phase. La faible concentration de FSH s’explique également par la présence d’une hormone sécrétée par les ovaires (appelée « inhibine »), dont le taux culmine lors de la phase lutéale et dont le rôle est d’inhiber la production de FSH.

Soulignons que la sécrétion de FSH et de LH dépend du ratio entre les hormones sexuelles. Vers la fin de la phase folliculaire, le pic de LH a lieu lorsque la concentration d’œstrogène est beaucoup plus haute que celle de progestérone (rétrocontrôle positif). À l’inverse, lors de la phase lutéale, la sécrétion des gonadotrophines est inhibée lorsque la concentration de progestérone est plus haute que celle d’œstrogène (rétrocontrôle négatif). Lorsque la concentration d’œstrogène et de progestérone décline en fin de phase lutéale (quelques jours avant le début des règles), la sécrétion de GnRH n’est plus inhibée (absence de rétrocontrôle négatif) et un nouveau cycle commence.

Les hormones sexuelles agissent également sur d’autres organes que ceux de l’axe gonadotrope. Environ une semaine avant le début des règles, chez certaines femmes la poitrine grossit et est plus sensible : ceci est dû à une haute concentration d’œstrogène et de progestérone, qui provoque division cellulaire et œdème du tissu mammaire.

Pendant la phase folliculaire, à la fin des règles, la couche fonctionnelle de l’utérus commence à s’épaissir sous l’effet de l’œstrogène, sécrété par les ovaires. La physiologie de la couche fonctionnelle durant la phase lutéale change sous l’effet de la progestérone (et dans une moindre mesure, de l’œstrogène), sécrétée par le corps jaune, en vue de l’implantation d’un embryon. L’endomètre devient épais et spongieux, se préparant à une éventuelle nidation. Ses glandes sécrètent des nutriments qui seront absorbés par l’embryon en cas de conception : le cycle utérin entre dans sa phase sécrétoire.

S’il n’y a pas eu de fécondation, le corps jaune s’atrophie, et la sécrétion d’œstrogène et de progestérone diminue donc, provoquant ainsi la menstruation – la désintégration de la couche fonctionnelle de l’endomètre. Cet écoulement est aidé par les contractions du myomètre (muscle utérin qui se contracte lors de l’accouchement, adjacent à la couche basale de l’endomètre), qui elles, seraient causées par la présence de prostaglandines dans les règles.

  • Hormone dominante : progestérone ;
  • Cycle ovarien : formation du corps jaune ; maintien (si nidation) ou dégénérescence du corps jaune ;
  • Cycle utérin : hausse d’œstrogène et de progestérone (sécrétés par le corps jaune) ; endomètre se préparant à une éventuelle nidation (phase sécrétoire de l’endomètre).

Sur l’intérêt de connaître son cycle

Savoir comment fonctionne notre corps peut nous apporter des clés précieuses pour améliorer notre qualité de vie ou répondre à des besoins précis. En tant que femme, comprendre son cycle est un atout pour diverses raisons, en fonction de nos intérêts et objectif : que l’on veuille en savoir pourquoi l’on a ses règles, pourquoi elles reviennent tous les mois, de quoi elles sont composées, que l’on s’intéresse plus généralement à ce qu’il se passe dans notre corps de façon cyclique lorsque l’on est une femme, que l’on veuille optimiser ses chances de concevoir un enfant… Connaître son cycle, reconnaître où nous en sommes précisément peut aussi nous donner des informations précieuses sur nous-mêmes, notre identité. J’aimerais aborder ici, encore une fois, le rôle crucial des hormones au fil du cycle, en nous focalisant cette fois sur l’influence qu’elles ont non pas sur nos organes, mais sur notre identité. Il s’agit simplement ici d’une brève présentation du sujet, qui mérite son propre article (c’est en projet !).

Alors comment nos hormones (nous nous intéressons ici aux hormones sexuelles : œstrogène et progestérone) peuvent-elles influencer qui nous sommes ? Puisqu’elles régulent simultanément les activités de plusieurs organes dans notre corps (et pas seulement ceux impliqués dans le cycle menstruel), elles ont aussi une influence sur plusieurs aspects qui constituent notre identité, par exemple : notre psychologie, notre façon de penser, ce que nous ressentons, nos comportements, ou encore notre apparence.

Et puisque nos hormones changent de façon cyclique, et aussi de manière prévisible, notre identité change également, de façon régulière et prévisible, en fonction d’où nous en sommes dans notre cycle. Particulièrement, notre identité est influencée par l’hormone sexuelle qui est dominante au cours de chaque phase du cycle. On peut ainsi voir deux « versions » de cette identité : une sous l’influence d’œstrogène (hormone dominante de la phase folliculaire), et l’autre sous l’influence de la progestérone (hormone dominante de la phase lutéale).

Cela ne signifie pas nécessairement que nous subissons nos changements hormonaux. Une façon de voir les choses est que loin de nous contrôler, nos hormones participent plutôt à définir notre identité ; une identité qui fluctue en fonction de la phase du cycle dans laquelle nous nous trouvons.

Lors de la phase folliculaire, le rôle de l’œstrogène est de coordonner les activités liées à la conception – durant cette phase du cycle, cette hormone influence donc nos comportements de façon à ce que les activités liées à la conception soient facilitées. Lors de la phase lutéale, la progestérone a pour rôle de réguler les activités en lien avec l’implantation (potentielle d’un embryon) – durant cette phase du cycle, la progestérone influence nos comportements de façon à ce que les activités liées à l’implantation (et une éventuelle grossesse) soient encouragées. Donc : chacune de ces hormones promeuvent des comportements liés soit à la conception (œstrogène), soit à l’implantation (progestérone)… Et on peut facilement imaginer comment les activités en question diffèrent dans chacune des deux phases ! De nombreuses études ont documenté ces activités et leur évolution au cours du cycle, mais elles recensent également des changements liés à l’humeur, aux capacités cognitives, au rythme circadien, ou encore au sommeil.

D’une part, lorsque la concentration d’œstrogène est haute (deuxième moitié de la phase folliculaire), les études montrent que les femmes sont globalement de meilleure humeur que lors de leur phase lutéale. Elles ont également tendance à avoir plus d’énergie, plus de confiance en elles, ainsi qu’une meilleure estime d’elles-mêmes. Par ailleurs, une corrélation a été démontrée entre une hausse du désir sexuel et une haute concentration d’œstrogène. Cette modification du comportement sexuel serait due au changement hormonal, et motivée par la conception[4] : en effet, cette augmentation du désir sexuel intervient au moment où la conception est possible, soit juste avant et pendant l’ovulation. D’autres modifications documentées et susceptibles de motiver les comportements sexuels incluent : une importance accrue accordée à l’apparence de soi, ainsi qu’une odeur et un ton de voix plus attirants. Les femmes apparaîtraient ainsi plus séduisantes, plus désirables.

D’autre part, une concentration élevée de progestérone (phase lutéale) augmente, par exemple, la fatigue et la faim, deux besoins liés à la préparation à une éventuelle grossesse.

Les changements hormonaux peuvent ainsi expliquer pourquoi certaines femmes peuvent se sentir différentes à différents stades de leur cycle (même si, bien sûr, d’autres facteurs externes rentrent en jeu). Pour comprendre qui nous sommes, il ne faut donc pas se limiter à des raisonnements psychologiques : il est aussi essentiel de prendre en compte les faits biologiques.

Il est possible que les changements hormonaux soient responsables du syndrome prémenstruel (SPM) dont beaucoup de femmes font l’expérience avant l’arrivée de leurs règles (vous avez peut-être aussi entendu parler du trouble dysphorique prémenstruel, ou TDPM, une forme plus sévère du SPM). Il se manifeste par des symptômes physiques et affectifs. Les symptômes physiques incluent des crampes, des douleurs au dos, des maux de tête, des nausées, de la fatigue, des vertiges, une sensibilité de la poitrine, une prise de poids (liée à de la rétention d’eau), ou encore de l’acné. Au niveau neurologique, on observe : irritabilité, dépression, anxiété, sensation de faim, troubles de la concentration. On ne sait pas exactement ce qui provoque ce syndrome, mais les hypothèses discutées mettent en cause la chute des hormones sexuelles en fin de phase lutéale, et en particulier la chute brutale de progestérone. Les femmes ayant un SPM plus sévère seraient plus réceptives à cette chute. Puisque la cause de ce syndrome demeure sans réponse certaine, il n’existe pas de traitement pour soulager l’ensemble des symptômes. Néanmoins, il est tout à fait possible de soulager certains d’entre eux : la meilleure chose à faire est d’en discuter avec un médecin.

Sources

Bull, J.R., Rowland, S.P., Scherwitzl, E.B. et al. 2019. Real-world menstrual cycle characteristics of more than 600,000 menstrual cycles. npj Digit. Med. 2(1): 83. https://doi.org/10.1038/s41746-019-0152-7

Hedayat, K. M. & Lapraz, J.-C. 2019. Theory of Endobiogeny, Volume 3: Advanced Concepts for Treatment of Complex Clinical Conditions. New York : Academic Press. https://doi.org/10.1016/C2018-0-00958-5

Hill, S. E. 2019. How the pill changes everything. Londres : Orion Spring.

Jones, Richard E. & Lopez, Kristin H. 2014. Human Reproductive Biology. Amsterdam : Elsevier.

Michalowski, M. & Lepage, E. 2018. Quelles sont les phases du cycle menstruel ? Le cycle menstruel ne se limite pas aux règles. Clue. https://helloclue.com/fr/articles/cycle-menstrual/regles-et-cycle-quelle-est-la-difference

Monard M., Marsh C., Schumacher K. & Nothnick, W. 2018. Secretory phase of menstruation and implantation. Frontiers in Women’s Health 3(4). https://doi.org/10.15761/FWH.1000156


[1] Il s’agit plus particulièrement de l’estradiol, un œstrogène (il s’agit en effet des œstrogènes au pluriel, qui sont un groupe de stéroïdes).

[2] Voire plus selon les sources, selon que certains phénomènes (à savoir l’ovulation et la menstruation) soient considérés comme des phases à part entière.

[3] La phase menstruelle est parfois considérée comme une phase à part entière dans le cycle. Dans ce cas, la phase folliculaire débute à la fin des règles.

[4] Il faut garder à l’esprit que cette motivation, ici, est strictement biologique, et non pas la traduction d’un réel désir de grossesse.

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